[RP] Rencontre secrète...

Echidna poussa la porte de la grande salle, emmitouflée dans sa large cape noire, laissant entrer avec elle un courrant d’air glacial. Le froid était mordant en ce début de soirée et celle-ci était ravie de pouvoir enfin se réchauffer. Elle referma rapidement la porte derrière elle puis, abaissant sa capuche, elle s’avança doucement vers le bar où elle pouvait distinguer la silhouette d’un homme corpulent visiblement plus occupé à observer les quelques jeunes femmes à moitié dénudées racoler les clients qu’à tenir le bar.

Arrivant a sa hauteur, elle toussota afin d’attirer son attention. L’homme au ventre bedonnant tourna les yeux en direction de la jeune femme en émettant un grognement, apparemment très contrarié d’avoir été dérangé.


"Vous voulez quoi ? " lui demanda t il d’un ton sec.

"Ben… un verre de lait, ce sera bien."

L’homme la regarda d’un air amusé puis se mit à émettre un rire gras.
"Y a pas de ça chez nous p’tite dame, c’est pas un endroit pour les fillettes ici. " Puis il détourna a nouveau son regard vers les prostituées.

Echidna fronça les sourcils, vexée d’être reçue de la sorte puis reprenant son calme s’adressa de nouveau à l’homme.

"Donne moi n’importe quoi d’autre alors…"

L’homme s’exécuta en rallant, versant un liquide de couleur verte au fond d’un verre. Echidna pris son verre en gratifiant d’un sourire moqueur le tenancier. "Merci beaucoup, c’est rare de trouver des gens aussi sympathiques…"

Elle s’avança vers une table libre, son verre a la main puis s’installa sur une chaise. Elle sortit un bâton de réglisse qu’elle mit en bouche puis se balançant sur sa chaise, elle commença à observer les rares clients, tout en mâchouillant sa friandise, laissant son verre intacte sur la table.

Sombrespoir s’arrêta à l’angle de la rue donnant sur l’auberge de la Harpe Sans Corde, rajustant son pourpoint noir en surveillant du coin de l’œil un individu bringuebaler par un autre, il se décida à entrer d’un pas serein dans la taverne. La clientèle d’habitués et le joyeux brouhaha des lieux enfumés le firent sourire. Le Seigneur de Tulbegh s’aimait à se risquer à évoluer dans des endroits avec pour unique protection que sa personne, cela lui permettait de prendre du recul sur le monde qui l’entourait et de ne pas s’habituer à la fausse vie qu’il appréciait aux côtés des hautes sphères de la Horde Sanguinaire. Mais pour l’heure, il n’était pas ici pour se laisser guider par un sentiment d’évasion. Un espion lui avait certifié que Echidna était arrivée à Tulbegh et qu’elle était descendue à la Harpe Sans Corde.
Avec un petit soupir de soulagement en l’apercevant, Sombrespoir replaça sa capuche de façon à cacher son visage masqué, s’approchant du comptoir où le tavernier s’affairait à servir des clients, il le coupa dans son geste :

- Je crois qu’il y a une chambre là-haut de libre et qui pourra être occupée quelques heures… Je me trompe ?

Accompagnant ses paroles en posant sa main sur le comptoir où était visible une chevalière marquée du sceau de la Horde Sanguinaire, Sombrespoir regarda le tavernier avec un regard sombre attendant une réponse simple et sans ambiguïté. Le propriétaire des lieux un peu surpris en comprenant à qui il faisait face bafouilla :

- Heu… Bien, oui vous pouvez y aller ! Vous voulez boire quelque chose là-haut ? D’accord, je vais vous monter cela !

- Tu peux amener cela de suite et j’espère que tu éviteras d’ébruiter ma venue dans ton bouge, car ça ne pourrait pas être prolifique à tes petites affaires qui se déroulent derrière la Harpe Sans Corde.

Le tavernier ravalant difficilement sa salive accourut, sourd aux protestations de deux autres tables préparer la chambre au premier étage. Apportant du vin de qualité et spécialités particulières. Redescendant aussi rapidement qu’il était monté, il s’avança enfin vers la femme qui était rentrée plus tôt. Raclant sa gorge pour prévenir de sa venue, il lui cracha :

- Eh ! P’tite dame, il y a quelqu’un qui vous attend là-haut pour parler en privé. Première porte à votre gauche après l’escalier. Vous auriez pu me dire quand même que vous étiez de la haute… Je me serais forcé à faire un sourire ! il dévoile une bouche où plusieurs dents manquent à l’appel.

Sombrespoir de son côté, pénétra dans la pièce obscure. S’avançant en direction d’une table basse, il alluma un chandelier afin d’apporter un peu de lumière. Malgré cette précaution la chambre restait dans une quasi-pénombre environnante. S’asseyant dans un fauteuil plutôt inconfortable, le seigneur de Tulbegh laissa son regard se poser sur le plateau qu’avait monté le tavernier de la Harpe Sans Corde : Deux coupes simples, une bouteille de vin, un morceau de pain ainsi qu’un fromage.

Souriant sous son masque, Sombrespoir prit de sa main gantelet un tube en ivoire dissimulé sous sa cape qui renfermait la poudre dont il avait tant besoin pour apaiser son corps. Enlevant son masque blanc, le Grand Maistre de la Horde Sanguinaire conserva sa capuche afin de dissimuler son visage lorsque Echidna franchira le pas de la porte…
D'une aspiration sèche et rapide, Sombrespoir inhala la poudre, la pièce qui l’entourait se changea lentement. Des formes mouvantes se dessinèrent au plafond et de ses pupilles dilatées il se laissa transporter l’espace d’un instant. Reprenant ses esprits, Sombrespoir abandonna les étranges couleurs qui tournoyaient au plafond. Se concentrant dans un silence de mort, il patientait fixant d’un regard de glace l’encadrement de la porte attendant patiemment Echidna...

Echidna n’avait guère prit de repos depuis un moment et s’autorisa à fermer les yeux un instant, bercée par le brouhaha incessant des clients, si bien qu’elle ne prêta guère attention à l’arrivée de l’homme sombre dont elle avait tant entendu parlé.

Elle sursauta, lorsqu’elle entendit derrière elle le tenancier des lieux, et se leva immédiatement, la main a la ceinture, prête à sortir sa précieuse dague. Soulagée de voir que ce n’était que le tavernier, elle se détendit un peu mais fut toutefois contrariée de voir que son bâton de réglisse était tombé à terre. Elle se pencha pour le ramasser en soupirant.

"C’est malin, tu m’as fait peur…"

Elle écouta alors les paroles de l’homme, retenant sa respiration en sentant l’haleine fétide qui ce dégageait de ce qui lui servait de bouche.

"Un homme ? En haut ? "Echidna ne s’attendait pas à être attendue par quelqu’un mais fut toutefois flattée de l’attention qu’on lui portait, si bien qu’elle se redressa, prenant un air important.


"Evidement que j’suis de la haute ! Mais par pitié, ferme moi cette bouche…"
Elle lui tendit alors le bâton de réglisse qu’elle avait ramassée à terre un instant auparavant et lui colla en bouche, espérant ainsi que celui dernier efface ce sourire idiot de son visage ingrat…

Ne perdant pas un instant, elle se dirigea vers l’étage, tapotant sa cape poussiéreuse. Arrivée devant la porte que lui avait indiqué le tavernier, celle-ci eu toutefois un moment d’hésitation, ne sachant pas quel genre d’homme elle allait rencontrer… Une chambre, c’est toutefois assez étrange comme lieu de rendez vous…

Haussant les épaules à cette pensée stupide, elle tourna doucement la poignée de la porte et l’ouvrit, restant toutefois sur ses gardes.
Elle avança de quelques pas et referma doucement la porte, avant de poser le regard sur la silhouette étrange assise dans la semi pénombre.

"Heu… bonjour… ou plutôt bonsoir… t’es qui au juste toi, tu me veux quoi ? "

Quand Echidna referma la porte derrière elle, Sombrespoir ne put cacher un étrange sourire. La frêle femme de la Cour des Miracles semblait pour le mieux rassurée, où du moins elle n’avait pas hésité à pénétrer dans la chambre. Cependant, peut-être qu’au-delà, elle brûlait d'en apprendre plus par elle-même et avait fait de cela, un sursaut de curiosité à l’encontre d’un élan de prudence. Mais cela plaisait parfois à Sombrespoir…
Sondant des pieds à la tête Echidna, le seigneur de Tulbegh lui laissa le temps d’entamer la conversation. Prenant dans sa main son masque blanc, il le posa délicatement sur la table basse, puis se leva lentement de son fauteuil. La drogue qui coulait en abondance dans ses veines lui permettait de ressentir chacun de ses muscles et le plongeait dans un combat infernal pour ne pas laisser les formes colorées réapparaître dans la chambre. Ceci lui permettait de mieux se contrôler et de limiter plus précisément les faiblesses de son corps.
Servant du vin dans les deux coupes, Sombrespoir en leva une à hauteur de son visage partiellement dissimulé et déclara d’une voix sereine :

- Approchez donc et n’ayez point peur… Laissez-vous tenter par ce doux hypocras que ce quidam de tavernier fait passer discrètement à Tulbegh. Vous ne pourrez point trouver au royaume de France pareil cru à base de gingembre… Il porte habilement sa coupe à ses lèvres Je trouve que cette question rhétorique revient maintes fois ces derniers temps… Mais à l’ordinaire je vous répondrai comme à l’accoutumance que je suis celui qui régente cette citadelle, celui qui porte habituellement le nom de Sombrespoir. Mais permettez-moi cette prolepse ! Je n’attends pas de manières à cela… Il patiente attendant qu’Echidna daigne à prendre ses aises.

Pendant un moment, Echidna observa l’homme, les sourcils froncés, l’air sceptique. Il était la, dressé devant elle, celui dont tout le monde parlait… Il était, selon les rumeurs, un homme qu’il fallait respecter et craindre par-dessus tout… Toutefois, et ce malgré la carrure de ce dernier qui la surplombait d’une bonne vingtaine de centimètres, Echidna n’arrivait pas à comprendre ce que cet homme avait de particulier et qui faisait de lui l’un des personnages les plus craint de tout le royaume.

Elle ne pu réprimer un gloussement puis, après avoir effectué une révérence tout à fait maladroite, elle s’exprima.
"Messire, pardonnez moi, je ne savais pas que j’avais en face de moi le maître des lieux… "
Elle rit doucement puis reprit…
"Votre citadelle est fort accueillante et les gens fort sympathiques… le tenancier de cette auberge en est l’exemple parfait…"

Elle regarda alors Sombrespoir droit dans les yeux, essayant de discerner les traits cachés par l’obscurité puis afficha un large sourire énigmatique.
N’attendant point la réponse de son hôte, Echidna s’approcha d’un des fauteuils et se laissa tomber dans celui-ci d’une manière tout à fait désinvolte avant de prendre la coupe de vin.
Elle n’avait jamais apprécié ce genre de breuvage mais fit toutefois l’effort d’en boire une petite gorgée pour faire honneur à son hôte…


"Bon, je pense pas qu’on soit la juste pour boire du vin et s’échanger des amabilités… quoique votre compagnie est très agréable…" Elle sourit
"Si vous me disiez ce que vous attendez de moi ? "

- Vous semblez plutôt impatiente obscure Echidna ! Pourquoi ne pas me parler un peu de votre nouvelle vie, loin des splendeurs du Masque ? Je me suis laissé dire que vous excelliez maintenant dans… la monotonie est-ce vrai ? Il acquiesce un sourire mêlant une pointe de sarcasme.

Buvant une nouvelle rasade d’hypocras il attendait une réponse d’Echidna...

Piquée au vif, Echidna perdit aussitot son sourire aux paroles de Sombrespoir, vexée par le ton moqueur de ce dernier...

"Sachez messire, que j'suis très occupée en ce moment... j'ai des tas d'affaires en cours... j'me fait discrète, c'est tout..."

Espérant que ce mensonge passerait inaperçu, elle reprit une gorgée de vin, la moue boudeuse, grimaçant au goût de ce breuvage puis reposa son verre...

"Mais j'pense pas que vous m'avez fait venir ici pour que je vous raconte ma vie... A moins que vous ayez beaucoup de temps a perdre... En tout cas, moi j'en ai pas..."

Sortant un baton de réglisse, elle le mit en bouche, espérant faire passer le gout infect de la boisson...

"Désolé, j'vous en propose pas, je doute que ces friandises soient assez dignes d'un grand homme comme vous..." Elle esquissa un sourire du coin des lèvres, reposant la tête sur le dossier du fauteuil, essayant de prendre un air ennuyé...

- N’en soyez pas si sûr, répondit Sombrespoir. A peine sorti de l’œuf, un humain brûle la chandelle par les deux bouts et s’éteint en moins d’un siècle avec toujours ses préjugés de prédilection. Autant profiter de ces quelques années en faisant abstraction de tout cela. Ce n’est pas parce que je suis Grand Maistre d’une inébranlable citadelle que je n’ai jamais connu les bas-fonds de la société… il laisse un silence imprégner la chambre - Il m’arrive aussi d’apprécier la glycyrrhiza !

Sombrespoir reposa sa coupe d’hypocras sur la table basse, puis, accompagné d’un sourire il continua, caressant des vues libidineuses sur la vertu d’Echidna :

- Ah… Donc vous êtes en constante activité !? A croire que les personnes qui m’ont renseigné s’étaient trompées ! Quoiqu’il en soit j’ai quelque chose à vous proposer ! Car à côté de votre réputation d’impatiente vous semblez exceller dans l’art de la discrétion et de l’espionnage ! Je me trompe ?

Echidna écouta avec attention les paroles de Sombrespoir tout en mâchouillant sa friandise. .
Cet homme n’était assurément pas ordinaire et réveillait en elle le souvenir de son ancien employeur. La même assurance, et la même détermination, une façon de bouger et de s’exprimer qui laisser à penser qu’elle était en face d’un homme intouchable et inébranlable. Mais elle le savait, même l’homme le plus insensible au monde avait ses faiblesses et elle se plaisait à croire qu’un jour elle percerait les secrets de cet homme et découvrirai le véritable individu qui se cache sous cette carapace dure et froide.

Retirant son bâtonnet de la bouche elle esquissa un sourire.

"Dans ce cas, j’vous en offre volontiers"

Elle s’avança de son siège en direction de la table basse et y déposa un bâton de réglisse à coté du verre de Sombrespoir.

"En effet, j’sais me faire discrète quand il le faut, et j’ai déjà travaillé en tant qu’espionne pour le compte du Masque. Mais, j’aimerai d’abord savoir, qu’est ce qui vous fait prétendre que j’accepterai de travailler pour vous ? Vous avez quelque chose d’intéressant à m’offrir ? "

Elle gloussa doucement, puis remit sa friandise en bouche, attendant avec impatience de savoir ce que Sombrespoir lui proposerait en échange de ses services.

Sombrespoir s’avança et prit dans sa main gantelet le bâton de réglisse. Remerciant Echidna d’un signe de tête il le porta à ses lèvres. L’esprit toujours en ébullition par la drogue, le seigneur de Tulbegh trouvait le goût particulièrement étrange et raffiné. Fermant les yeux un instant, Sombrespoir se laissa transporter vers d’autres horizons oubliant presque les traits de la chambre où il se trouvait. Revenant rapidement sur terre, il ne put s’empêcher de sourire en entendant Echidna.

- Et bien… Le simple fait que vous n’êtes plus qu’une femme errante dont la vie est un triste parcours sans plus aucun plaisir. Je vous propose de chasser vos idées noires en mettant à contribution vos compétences ! Et je vous conseille en un mot de vous habiller pareillement du même état d’esprit, détaché, libre afin d’expérimenter ce qu’est la vie au sein de la Horde Sanguinaire. Mais maintenant je vous laisse le choix, vous pouvez encore retourner à vos affaires…

Sombrespoir resta impavide puis continua un sourire carnassier sur les lèvres :

- La Citadelle de Tulbegh regorge de toutes sortes de richesse, et je vous laisse le soin d’imaginer de quelle façon je pourrais vous prouver ma reconnaissance… en échange de vos services.

Echidna sourit tout en écoutant l’étrange personnage, essayant tant bien que mal de discerner les traits de son visage…

"Dans ce cas, dites vous bien que si j’accepte, c’est pas pour vous que j’le fait, c’est pour moi… de plus, je refuse d’être traité comme l’une des votre, j’appartient à personne, surtout pas à un homme qui n’a pas assez de courage pour montrer son vrai visage… "

Elle esquissa un sourire narquois puis continua…

"J’vous préviens d’avance, vous êtes pas le seul à vouloir vous offrir mes services, car contrairement à c’que vous pensez, j’ai encore des contacts dans le milieu et j’suis bien plus demandée que vous croyez… Donc, si j’suis pas entièrement satisfaite, j’hésiterai pas à vous laisser en plant, vous et vos… serviteurs."

Sombrespoir sourit de toutes ses dents en écoutant l’attaque d’Echidna. Reposant son bâton de réglisse, il commença doucement à serrer son poing. Prenant le temps de faire craquer ses vertèbres, il ressentait la totalité de ses muscles et le sang qui circulait dans ses veines semblait s’accélérer. Détournant le regard un instant en direction du chandelier, il se laissa porter par l’étrange flamme dansant dans la noirceur de la pièce. Puis, d’un mouvement rapide, il passa sa main gantelet sur l’astre de lumière plongeant la chambre de la Harpe Sans Corde dans une pleine obscurité. L’action qui s’en suivit fut aussi véloce que la précédente, Sombrespoir se leva, se dirigea vers Echidna installée dans son fauteuil, posa ses deux mains sur les siennes et posant son front découvert contre le sien il lui murmura sur un ton purement résolu :

- Vous soulevez ici un point très intéressant chère Echidna, cette qualité supérieure que l’on nomme le Courage ! Mais vous serez à l’avenir que cette dernière est le complément de la peur. De cela on peut donc dire qu’un homme qui est sans peur ne peut point être courageux... Le courage ne rentre pas dans mes talents et au sujet de mon masque… il respire le cou d’Echidna Eh bien… Le monde n’est t'il pas lui-même un grand bal où chacun est masqué ? Ce monde se ment par le regard, il n’y a que les miroirs qui montrent les véritables masques… Epargnez-moi ce genre de remarques à l’avenir !


Sa voix était chaude et captivante, sa peau douce, une magnifique dualité de ce qui est et ce que Echidna avait pu deviner dans l’ombre, une subtile limbe odorante des fragrances de fraîcheur venait s’ajouter... Tel était la sensation qui pouvait être ressentie ce soir là.
Sombrespoir recula dans la chambre noire, libérant de son étreinte Echidna. Se dirigeant vers son fauteuil il reprit son masque qu’il porta à son visage. Il déclara ensuite en allant vers la sortie :

- Vous trouverez une lettre signée de mon sceau sur la table basse. Avec ceci vous pourrez accéder à la forteresse là où nous pourrons parler plus sérieusement de vos engagements… Il ouvre la porte laissant un faisceau lumineux parcourir le visage d’Echidna En attendant vous pouvez laisser voguer votre imagination sur la façon dont je pourrais prouver ma reconnaissance à votre égard.

Sombrespoir quitta la chambre, descendant les escaliers qui menaient à la grande salle. Dans celle-ci, une foule incroyable était présente, on pouvait même se demander comment les gens pouvaient encore rentrer dans l’établissement. Tirant l’épaisse porte principale de la Harpe Sans Corde, le Grand Maistre de la Horde Sanguinaire disparut au coin d’une rue humide.

Echidna resta totalement immobile lorsqu’elle sentit le contact de la peau de cet homme sur la sienne. Elle aurait voulu se détacher de cette étreinte, mais elle resta paralysée, hypnotisée par sa voix, ressentant la chaleur de son souffle caressant son visage et sa nuque. Cet instant lui sembla durer une éternité, et elle fut à la foi soulagée et désabusée lorsque celui-ci se retira…
Elle resta figée ainsi un moment après le départ de Sombrespoir, fixant le siège vide où il avait été assis quelques instant auparavant.
Elle rassembla ses idées après quelques minutes, puis, sentant le rythme de son cœur s’accélérer, elle empoigna le verre encore remplit du liquide visqueux avant de l’envoyer s’écraser sur le mur, y laissant une traînée rougeâtre. Cet accès de colère ne la soulagea que peu. Elle était à présent furieuse contre cet homme et contre ce qu’il avait provoqué en elle.

Retrouvant doucement son calme, elle prit la lettre dans sa main, froissant le papier de son poing fermé… Elle tourna alors la tête vers la fenêtre, observant la douce clarté de la lune filtrant au travers des nuages. Un instant, elle se dit qu’elle allait refuser sa proposition, et jeter cette lettre dès qu’elle en aurait l’occasion, avant même de l’avoir lue. Cette pensée ne s’attarda pas dans son esprit, la curiosité et l’excitation reprenant le dessus.
Elle se mit alors à rire, d’abord légèrement puis de plus en plus fort. Cette situation à présent lui semblait être l’une des plus cocasse qu’elle eu jamais connue.

"Ma pauv’fille, t’es qu’une pauvre idiote. Cet homme est complètement timbré, y a rien de plus à comprendre. Un homme fou et inconscient, voila ce qu’il est…"
Elle se leva alors doucement, la lettre toujours serrée dans son poing puis descendit les escaliers qui la menèrent jusqu’à la grande salle. Elle se fraya un passage aux travers des clients puis sortit rapidement dans le froid, décidée à trouver un endroit au calme afin de lire sa lettre.